LE MOYEN-OUEST-LA ROUTE DU ZEBU
Une grande première : la capitale pourrait être privée de viande de zébu à partir du 3 février prochain, suite à un ultimatum lancé depuis Tsiroanomandidy, haut-lieu du marché des bovidés, par les Zanak’Androy. Ils entendent protester contre l’inertie des autorités à la suite des exactions suivies de mort d’hommes perpétrées dans leur ethnie par les forces de l’opération « Fahalemana ». Par-delà ses effets sur des consommateurs déjà habitués à certaines privations, la mesure revêtira une symbolique très forte : dans sa douce servitude, l’image du bœuf à bosse est peut-être plus appropriée à Madagascar que celle du lémurien ivre de liberté, sautant d’une branche à l’autre, car plus proche des préoccupations quotidiennes de ses habitants.
J.M, photographe d’une agence parisienne, rêve, depuis longtemps, d’une aventure malgache sur les traces des troupeaux allant d’un marché de bétail à l’autre. Le Far-West avec les chevaux en moins. Première déception à son arrivée à Tsiroanomandidy, important « hub » des expéditions venant de l’Ouest et du Sud-Ouest : celle de ne plus y trouver des zébus que des traces verdâtres commençant à durcir sous le soleil. « Mais en partant maintenant, vous serez sûrement avant eux à Mahasolo ».
Pendant que son guide l’emmène vers cette localité, J.M. essaie de se mettre dans la peau des convoyeurs qui, au même moment, sont certainement quelque part derrière les collines, empruntant un raccourci. Aligner les kilomètres au petit trot, sous un soleil de plomb, qu’il pleuve ou qu’il vente, il faut vraiment le faire ! Et ces hommes le font, les pieds nus, ou protégés uniquement par des sandales découpées dans de vieux pneumatiques.
Mahasolo. Le chef du village emmène le photographe dans la petite vallée où les bêtes passeront la nuit. « Ils seront là vers 17 heures, mais ne vous attendez pas à un grand marché demain. En cette période, beaucoup d’affaires se concluent également à Analavory, Arivonimamo, ou Imerintsiatosika ». Et de lui proposer l’hospitalité pour la nuit, avec cette simplicité caractérisant les gens de nos campagnes. Une certaine odeur de cuir fraîchement travaillé émane d’une grosse pile d’objets artisanaux prêts à partir pour les marchés de la capitale : sacs, babouches, ceintures, porte-monnaies, chapeaux à larges bords de western spaghetti… Qu’il soit mort ou vif, toute la vie tourne ici autour du zébu, dont il n’est aucune parcelle qui ne soit d’une précieuse utilité : la peau pour la maroquinerie, les cornes pour la confection du « ranomena », un remède fétide aux mille applications, ou pour tapisser les tombes du Sud, les intestins pour les saucisses, la force tranquille pour les attelages et le labour, la bouse pour le fumier, le sacrifice pour les clins d’œil rituels aux ancêtres et la consolidation du « Fihavanana ».
Un matin radieux inonde déjà de sa lumière les immensités poussiéreuses du Moyen-Ouest. J.M. peut enfin apprêter sa batterie pour son safari-photo qui n’en finit pas de commencer.
Textes : Tom Andriamanoro
Photos L’Express de Madagascar
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