MADAGASCAR DILANN VOYAGES

Aux dires de ses habitants, la ville d’Antsiranana n’a jamais été aussi belle qu’en ce début de mars : les pluies abondantes l’ont verdie, elle arbore une toilette neuve, des couleurs saturées. Et parcourir ses rues réserve de belles surprises : une galerie ouverte que l’on n’atteindra qu’au terme de vingt-quatre heures de taxi-be, au moins. 

Si le festival Zegny Zo a associé le nom de la cité aux arts de la rue, ce n’est pas un hasard. Antsiranana, ou Diégo ainsi qu’on la nomme encore, offre un cadre de choix aux artistes, qu’ils y résident ou qu’ils y passent. Cette ville cosmopolite a toujours accueilli à bras ouverts, et elle continue.

Nino fait partie des jeunes bédéistes du collectif D-Sary, qui se réunit chaque samedi. Oscillant entre peinture et BD, vivant du dessin de presse et du travail d’illustration, il a participé aux ateliers organisés par l’Alliance franco-malgache et rencontré ainsi plusieurs pointures du street-art réunionnais : Jace, Mégot et Lacaze, Kid Kréol et Boogie, ils sont nombreux à avoir semé de drôles de traces sur les murs historiques, et dans les esprits. La visite de l’ancien Hôtel de la marine livre un splendide témoignage de leur passage.

Bien avant les street-artistes réunionnais, le peintre Paul Bloas avait offert aux ruines de Ramena une oeuvre qui perdure dans la mémoire de tous ceux qui l’ont approchée. Aujourd’hui encore, il est présent en façade de l’hôtel La Terrasse du voyageur, avec des géants en voie de disparition qui n’attendent que sa prochaine visite pour s’offrir une nouvelle jeunesse.

Non loin de là, on peut rencontrer Hery dit H, un virtuose de la lame de rasoir qui dessine et découpe dans l’adhésif des motifs destinés habituellement à orner les véhicules. Pose de film ou réparation, tout est possible à en croire son enseigne, le plus difficile étant de se procurer la matière première, car en effet la ville est enclavée et les fournitures de beaux-arts sont des denrées rares.